Un budget source d'inquiétude et de peur

Publié le 30 mars 2013
Rédigé par 
Ecolo Ath

Dans le cadre de l’adoption du budget, intervention de Ronny Balcaen au Conseil communal du 29 mars 2013 au nom du groupe Ecolo.

Monsieur le Président,

En réintégrant le conseil en décembre dernier, notre groupe ne pensait pas être aussi rapidement confronté à un dossier aussi difficile et aussi douloureux que celui du budget 2013.

Car c’est un budget de crise que la nouvelle majorité PS-MR nous présente en cette veille de Pâques. Un budget attendu depuis plusieurs mois. Un budget qui fait mal aux familles et aux travailleurs de la commune qui sont particulièrement sollicités. Un budget dont on peut difficilement croire qu’il n’aura pas des conséquences sur les services offerts aux citoyens.

On le sentait venir. Le budget 2012 était un budget bien trop optimiste. La majorité sortante a beaucoup engagé en fin de la législature, ces dernières années on est passé de 329 à 386 membres du personnel communal. Quelles qu’en soient les justifications était-il vraiment responsable et raisonnable d’augmenter ainsi les dépenses de personnel sachant les difficultés financières dans lesquelles notre ville se débat ? Qui plus est dans un contexte de crise depuis 2008 qui touche aussi les communes.

Une crise économique qui fait suite à la crise bancaire de 2008 et qui touche l’Europe de plein fouet. Cette crise n’est pas sans impact sur les finances communales, il faut le reconnaître, ne serait-ce que par la disparition, entre autres, des dividendes du holding communal définitivement perdu avec la débâcle de Dexia.

Cette crise économique, et les décisions prises par le gouvernement fédéral dans la foulée, ont des impacts aussi sur les missions du CPAS et en auront encore plus lorsqu’il s’agira de prendre en charge de plus en plus de personnes exclues du chômage. C’est une charge que le fédéral nous impose, tout comme la cotisation de responsabilisation ONSS-APL pour permettre le paiement des pensions du personnel nommé. Mais pouvait-on continuer à voir s’effondrer ce système de pension sans rien faire?

Pour chaque citoyen, sa ville, son village, son quartier, c’est le lieu où on peut se réfugier et échapper à la crise. Pourtant aujourd’hui, même au niveau communal, la crise est en train de nous rattraper. A cause des circonstances extérieures bien sûr, la situation n’est bonne pour aucune commune du Royaume.

Mais à Ath, il y a aussi une gestion passée qui pose question. Quand tout allait bien, on a trop longtemps cru que les choses ne changeraient jamais. Qu’on pouvait dépenser malgré la situation financière délicate et malgré une dette qui pèse lourd sur les finances depuis de nombreuses années. On a trop longtemps cru que les matelas et les réserves, comme ceux de l’hôpital, seraient toujours là pour compenser des déséquilibres.

Mais aujourd’hui, le budget 2013, c’est le signe qu’on arrive à la fin d’un système. Et ça fait mal. Tant au niveau de la compression des dépenses, qui va toucher le personnel, qu’au niveau de l’accroissement des recettes, qui va toucher l’ensemble des citoyens.

Le budget 2013, c’est d’abord la concrétisation de l’augmentation d’une série de taxes. Des taxes nouvelles aussi. Ce sont les familles qui sont mises à contribution.

En matière de centimes additionnels au précompte immobilier, vous augmentez la contribution des propriétaires de 2800 à 3200, soit une croissance de près de 15 % qui va nous placer à la première place du hit-parade des communes wallonnes sur la base des chiffres de 2012. Quel impact sur les propriétaires avec peu de revenus? Ne devrait-on pas imaginer pour eux un système de dérogation, de compensation? Quel impact de cet accroissement sur le budget de la société de logements publics?

En matière d’immondices, si nous pouvons comprendre, dans une logique de réduction des déchets, que l’on fasse payer les sacs, alors il faut aussi pouvoir diminuer le coût de la taxe immondice à due concurrence. Ce n’est pas le cas : les deux postes accusent ensemble une augmentation de 15,6 pc de 2012 à 2013. Où est la logique de réduction des déchets ? On est ici dans une pure logique d’accroissement des recettes.

Les maisons des enfants ensuite, le prégardiennat. La hausse des tarifs, en parallèle d’une réorganisation complète de l’organisation, va accroître significativement les recettes relatives aux maisons des petits, c’est-à-dire les contributions des parents. On passe de 91.500 à 161.250 EUR, soit une augmentation de 78 pc de 2012 à 2013 !
A cela s’ajoute les tarifs de garderie qui passent de 0,35 à 1 EUR. On augmente aussi le produit de la location des livres de la bibliothèque.

Restons-en là dans cette énumération non exhaustive.

Et passons à l’analyse des dépenses.

Avec tout d’abord cette renégociation de la dette avec Belfius qui permet de reporter le remboursement d’une partie de la dette, mais accroît le remboursement des intérêts. Cette renégociation devra être payée tôt ou tard. Ce n’est pas une solution durable mais elle permet de maintenir la tête hors de l’eau.

Nous échappons temporairement à la fermeture d’une école, celle de Villers-Saint-Amand, un temps évoquée. Mais les mesures envisagées par ailleurs sont douloureuses. Ainsi, les enseignants devront pendre en charge les garderies et les remplacements en cas de maladie seront limités.

Réorganisation du secteur de la petite enfance ensuite. Un secteur pourtant essentiel pour le développement des enfants, mais aussi pour le travail des parents. Avec la suppression de plusieurs implantations des maisons des petits. Combien de suppressions et lesquelles ? Quel impact sur l’emploi : combien de licenciements ou de mutation? Quels nouveaux horaires d’ouverture ? Comment fera-t-on pour ne pas perdre de capacité d’accueil ? A ces questions, nous vous demandons aujourd’hui des réponses claires et précises que la population est en droit d’attendre.D’autant plus que cette décision de votre majorité PS-MR supprime des services au cœur des villages, pourtant tellement défendus par tous les partis durant la campagne électorale.

Nous déplorons également une diminution des subsides aux associations. Il est d’autant plus nécessaire de mettre en place rapidement une réflexion sur les critères d’attribution de ces subsides afin d’aller vers un système plus objectif.

La culture et le tourisme sont aussi touchés. Avec des suppressions d’emploi qui auront des impacts sur la politique qui sera menée par la MCA et par les musées. Nous déplorons aussi la disparition très dommageable du discobus. Il était menacé depuis plusieurs années. La majorité PS-MR décide de mettre fin à ce service qui apportait de la culture au cœur de la cité.

Le flou et le malaise pèsent aussi sur l’avenir de l’agenda 21. Depuis de longs mois, plus aucun contact entre les citoyens qui ont lancé l’agenda 21 et les autorités communales. C’était, et cela reste, pourtant un beau projet orienté vers l’avenir et basé sur la participation des Athois et des Athoises. Quelles sont vos intentions en la matière ?

Le personnel est particulièrement touché par les mesures prises dans le cadre de ce budget et des budgets suivants. Des mesures qui vont de l’aménagement du temps de travail au licenciement sec, en passant par la suppression de la prime de fin d’année des agents communaux.

Monsieur le Bourgmestre,

il est temps de donner des chiffres clairs, sur les services touchés et sur les mesures prises dans chacun des services. Combien de licenciements ? Le chiffre de 24 licenciements a été cité. Vous citez d’autres chiffres. Aujourd’hui c’est le flou le plus complet. Notre instance, le conseil communal, doit permettre de faire la vérité sur les chiffres. En tout état de cause, nous nous opposons à ces licenciements.
Concrètement, comment va-t-on faire pour maintenir les services à la population ?
Mais encore, quels seront les critères pour les licenciements ? Les gens ont peur aujourd’hui, ils sont inquiets et en colère. Des échos que nous avons, il semble que ce soit aujourd’hui le règne de l’arbitraire. Quand vous visez, Monsieur le Bourgmestre, ceux qui « ont chatouillé là où il ne fallait pas… », je suis inquiet. Les licenciements se feront-ils sur la base d’une évaluation menée de longue date dans les services ? On nous parle aussi de pressions faites sur les travailleurs pour accepter un passage à 9/10ème ou à mi-temps. Voilà qui nous inquiète particulièrement.

Monsieur le Bourgmestre, Madame et Messieurs les Echevins, nous attendons des réponses claires aux questions que nous nous posons avec les travailleurs et avec la population.
Car votre budget 2013 est sans espoir. S’il avait été accompagné de l’indispensable déclaration de politique communale, nous aurions peut-être pu savoir quels étaient les projets de votre majorité, au-delà des taxes, des augmentations de tarifs et des licenciements, pour les six prochaines années. En l’absence de ce contrat avec les citoyens, votre budget est sans espoir, sans projet, source d’inquiétude et de peur pour les agents communaux et pour la population. Un budget qui demande des contributions supplémentaires à la population tout en lui demandant des efforts supplémentaires. C’est pourquoi nous voterons contre le budget présenté aujourd’hui.

Le compte-rendu de notélé

« Cela fait mal à la population ». L’article du Courrier